Animaux libres et sauvages

La parade nuptiale du tétras-lyre

La nature nous réserve souvent de belles surprises. Depuis deux ans, je voulais retourner voir les parades nuptiales des tétras-lyre. Les conditions météorologiques, les routes fermées et mes disponibilités m’ont éloignés de cet objectif. Encore cette année, j’avais effectué un premier repérage fin avril et depuis, les semaines passent et aucune possibilité de m’y rendre à nouveau. Sachant que la période des parades touche à sa fin, je m’étais déjà tourné sur l’année prochaine.

C’était sans compter sur l’escapade de la semaine dernière. Au loin dans les montagnes, j’entends ce roucoulement tellement caractéristiques et me dis que peut-être j’ai encore une chance d’observer les retardataires.

Ce qu’il faut savoir sur cette espèce protégée, c’est qu’il est nécessaire de prendre des précautions pour les observer car le dérangement est une cause importante de sa déclivité. Il est donc important d’arriver bien avant le lever du jour et l’idéal c’est de rester dans une tente d’affût jusqu’à leur départ.

Première excursion de l’année

Une ouverture météo me permet d’effectuer ma première expédition de l’année. Je prépare donc en amont, tout mon matériel. Ma tente d’affût, le trépied, les habits de rechange etc…. Cette phase de préparation est extrêmement importante car vous pourriez passer le pire moment au lieu de profiter de l’instant.

Quelques petits conseils forts utiles :

  • Contrôler que votre matériel est en état de fonctionnement. (batterie chargée et remise dans l’appareil, c’est un détail mais c’est assez fréquent)
  • En cas de marche, prenez des habits secs de rechange car si vous transpirez et que vous restez dans des habits humides, le froid pourrait monopoliser votre attention)
  • Nourriture et boisson (prendre avec soi le strict minimum mais un minimum nécessaire)
  • Calculer votre itinéraire avec une marge d’imprévus pour être sûr d’être à l’heure H.
  • D’autres articles peuvent également être très pratique à avoir dans son sac, une lampe frontale, un couteau, une couverture de survie voire une petite trousse de 1er secours.

Maintenant que tout est prêt, il est temps de partir. Comme première sortie, je décide d’accéder à un spot assez facile d’accès avec env. 45 minutes de marche. Le revers de la médaille c’est que si l’accès est aisé, c’est que la neige a déjà fondu et que je n’aurai pas de photographie de tétras sur un fond blanc. De plus, le soleil arrive tard à cet endroit donc ce sont des paramètres à tenir compte pour la photographie et la composition de l’image.

Pour cette escapade, je choisis la variante d’écourter ma nuit et de marcher avec une lampe frontale pour rejoindre le spot. Installé à 4h30, je n’ai plus qu’à patienter. une demi-heure plus tard, j’entends un premier roucoulement au loin. Ai-je placer mon affût au bon endroit, suis-je trop loin ? De tout manière, je n’ai plus le choix, je dois attendre et espérer.

Trois coqs paraderont mais resteront assez timides. De intimidations mais pas de combats. C’est chacun de son côté en espérant qu’une pour le les entendent. Le 3ème coq s’approchera de mon affût et je réalise ainsi mes premières images correctes de l’année.

Sur la descente, je croise encore un retardataire perché sur la cime d’un sapin.

Le chant de la parade

Son roucoulement résonne dans les montagnes et est très caractéristique en cette période. Si vous l’avez déjà entendu, vous saurez facilement le reconnaître. Si vous souhaitez l’entendre à nouveau n’hésitez pas à regarder le montage vidéo suivant avec le son :

Deuxième excursion

Après le succès de la première sortie de l’année et avec l’approche d’un long week-end, les paramètres s’alignent pour réaliser une nouvelle sortie. Les conditions météorologiques changent régulièrement et il est nécessaire de suivre le radar. Arrêt de la pluie prévue à 18h30 et lendemain matin annoncé comme découvert avec potentiellement quelques éclaircies attendues.

Cette fois c’est décidé, tout est préparé et je pars pour 2ème spot. Il se situe un peu plus haut en altitude. Au vue de son accès plus difficile, je décide de partir la veille et de dormir à la belle étoile. La boue, le brouillard et le poids de mon matériel compliqueront l’ascension mais j’arrive à l’heure prévue pour installer mon affût avant la tombée de la nuit. Après tous ces efforts et en me basant uniquement sur mes observations des années précédentes, j’espère que les tétras-lyre seront au rendez-vous le lendemain matin.

Aux alentours de 5 heures du matin, j’ai ma réponse, j’entends survoler mon affût et les premiers coqs se posent à seulement quelques mètres de mon affût, Cette fois ce ne sont pas que trois mais une dizaine de coqs qui sont sur la place. Deux poules les rejoindront un peu plus tard pour augmenter les tensions sur l’arène.

Avec le lever du soleil, les lumières sont changeantes et les ambiances évoluent au fur et à mesure des minutes. Je m’étais imaginer quelques conception de photographies mais j’avoue que je n’aurai jamais imaginé vivre une expérience aussi époustouflante. Des proximités incroyables avec cet oiseau d’exception. Plus de deux heures passées en leur compagnie m’aura vite fait oublié ma courte nuit et les efforts pour atteindre ce spot.

Voici les premières images avec des contre-jours ou des ISO assez élevés pour réaliser des images avant le lever

Avant que le soleil se lève, on parle également de l’heure bleue. Cette période ne dure que quelques minutes, mais c’est l’occasion unique d’effectuer des photographies avec des teintes bleuâtres.

Avec le lever du soleil et les nuages, il faut que les coqs s’alignent parfaitement pour réaliser de belles images en contre-jour. Plusieurs passages avant que l’un d’entre eux choisisse exactement la position que je souhaitais.

Avec les premier rayons de soleil les Iso diminuent et les couleurs s’intensifient.

Les rayons de soleils sont apparus, et tout d’un coup tout se précipite, la belle est dans la place. Les roucoulement montent d’un ton, les combats font rage.

Les coqs ne savent plus où donner de la tête et tournent près de l’arène. Cette situation me vaudra des passages à quelques mètres de ma tente avec parfois même une mise au point impossible car trop près de mon 500 mm.

Le Tétra-Lyre est un oiseau qui incarne la beauté et la richesse de la nature. Comme cette dernière, il est fragile et nécessite que l’on protège son biotope pour qu’il puisse survivre aux variations et dangers qui l’entourent.

8 heures, la place est libre, les tétras-lyres sont partis aussi subitement qu’ils sont arrivés. Le temps pour moi de réaliser la chance que la nature m’a offert. La récompense des nombreuses heures passées à attendre et parfois à se décourager. La persévérance et le travail paient, il est donc important d’y croire.

Il est temps de se tourner vers la suite et de vivre de nouvelles aventures.

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